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language politics


Cet article d’opinion fait partie d'une série de Narcity Media. Les opinions exprimées sont celles de l'auteur.trice et ne reflètent pas nécessairement la position de Narcity Media sur le sujet.

Ce mercredi 15 mars, le Ministère de la langue française du Québec a publié une courte vidéo sur ce qu'il appelle le « déclin de la langue française » en utilisant l'allégorie d'un faucon pèlerin et, encore une fois, c'est complètement à côté de la plaque.

Si tu te sens déjà sur la défensive et que tu t'apprêtes à plonger dans l'article argumentatif d'une anglophone amère et pleine de haine pour la Belle Province, je peux te dire que je parle français depuis l'âge tendre. Si tu préfères lire ce texte en anglais, il est disponible ici dans la langue de Shakespeare.

Maintenant que c'est clarifié, laisse-moi t'expliquer les raisons pour lesquelles la vidéo en question est problématique.

La variation lexicale est loin d'être le problème principal du français québécois

Le problème évident de la publicité sur le faucon pèlerin est qu'elle ne décrit pas les enjeux réels auxquels fait face la langue française au Québec.

En fait, la vidéo est complètement à côté de la track. Elle ose insinuer que le jargon contemporain et les variations lexicales utilisé.es par la jeunesse francophone au Québec se trouvent au cœur du problème, alors que ces aspects n'ont rien à voir avec la survie à long terme du dialecte du français québécois.

Le faucon pèlerin. Cet oiseau de proie vraiment sick est reconnu pour être assez chill parce qu'il est super quick en vol. Il peut passer la majorité de son temps à watcher son environnement. Malgré que ses skills de chasse soient insane, l'avenir du faucon pèlerin demeure sketch.

Les emprunts à l'anglais utilisés par de nombreux et nombreuses Québécois.es lorsqu'iels parlent français de nos jours sont en fait le simple résultat d'une influence mondiale et technologique de la langue anglaise utilisée comme langue véhiculaire principale. Les emprunts lexicaux sont une chose très courante dans toutes les langues humaines et le français a moult mots et tournures de phrases provenant de langues étrangères. Ce n'est rien de nouveau.

Ce qui est plus propice au déclin de la langue française dans la province que ton argot préféré est l'état désastreux de notre système d'éducation public provincial et nos niveaux quasi honteux de maîtrise de la langue. Roberge, lui-même ancien ministre de l'éducation, a déjà par le passé recommandé aux écoles et aux parents l'utilisation de services éducatifs issus du secteur privé, parce que notre système public manquait tellement d'accès aux services de soutien, en partie à cause d'un exode des professionnel.les de la fonction publique vers le secteur privé.

Et ne t'y méprends pas, j'adore notre système d'enseignement public et j'y ai brièvement travaillé moi-même, mais il est assez évident qu'il a besoin d'amour, et ce, au plus vite.

Parlons franchement, si le ministre Roberge soulignait ces enjeux ici et maintenant, le gouvernement devrait répondre à ces problématiques, présenter un plan à ce sujet et investir dans notre jeunesse, n'est-ce pas? N'est-ce pas le cœur du problème?

Blâmer la jeunesse

Il ne faut pas omettre de préciser qu'en évitant tout ce qui concerne réellement les sujets de l'état de la langue française et de la privatisation de nos institutions publiques, la courte vidéo du Ministère de la langue française parvient surtout à aliéner tout un groupe de francophones.

Tsé, les générations dans lesquelles on essaie d'évoquer un intérêt et une fierté pour la langue française.

Bien sûr, qu'est-ce qui te garde motivé.e quand tu développes un nouvel intérêt ou que tu apprends quelque chose de nouveau? Être publiquement ridiculisé.e?

Probablement pas, hein? Moi non plus.

Se moquer de la façon dont les jeunes parlent est une méthode classique — et désuète — pour essayer de faire valoir son intelligence et son statut « supérieurs ». OK boomers, mais vous n'avez pas inventé ça non plus. Cette forme idéalisée de la langue française est obsolète.

Porter le blâme sur la jeunesse pour l'utilisation de son propre sociolecte au quotidien ne fait que l'aliéner, et prétendre que le manque de compétences en français écrit et en lecture des jeunes est de leur propre faute ne parvient pas à capter le sujet de notre système d'éducation public sous-subventionné et délabré. En réalité, le discours et les paroles de chaque génération sont uniques et porter jugement sur la jeunesse actuelle avec le regard d'hier ne sert à rien.

Plus important encore, le fait que les ados de ton quartier disent à leur ami.e que leur chandail est « tellement sick» ne représente aucune menace tangible quant à ta capacité de parler français avec ta mère ou de jaser en français avec ta gang lors de votre prochain 5 à 7. Vivre et laisser vivre.

Se victimiser sur un territoire volé

Il n'est pas nouveau que le paysage linguistique québécois soit parsemé d'arguments peu logiques de la part de nos dirigeant.es politiques qui croient profondément que la langue majoritaire de la seule province francophone canadienne est en train de disparaître à un rythme alarmant. Mais ça ne veut pas dire que c'est correct que ça arrive encore.

Nous autres les Canadien.nes-français.es, on maîtrise parfaitement le jeu du blâme quand il s'agit de discuter de politique identitaire et de minorités linguistiques, de Jacques Parizeau jetant la faute sur « l'argent et le vote ethnique » pour les résultats du référendum de 1995 à un groupe militant beaucoup plus récent, la Nouvelle Alliance, qui se sent menacé par la signalisation de rue en langue anglaise à Ville Mont-Royal.

Parfois, on devrait juste se regarder dans le miroir le plus proche et jeter un bon coup d'œil à ce que notre réflexion essaie de camoufler.

En effet, victimiser une langue coloniale tout en ignorant les enjeux culturels et linguistiques pressants des Autochtones est une pure hypocrisie de la part du gouvernement du Québec.

Mon grand-père maternel a passé sa jeunesse dans des pensionnats et même moi, je ne parle aucune langue autochtone. Pourquoi n'en ai-je pas appris à l'école, si ce n'est que pour essayer de remédier au traumatisme générationnel de la fente culturelle créée par ces mesures?

Les communautés autochtones ont maintes et maintes fois critiqué le projet de loi 96, mais il semble que le français, une langue coloniale, soit hégémonique ici.

« Nos élèves sont les victimes innocentes d'une loi qui compromet les langues, les cultures et les traditions des Premières Nations du Québec », a déclaré Denis Gros-Louis, directeur général du Conseil de l'éducation des Premières Nations (CEPN).

Si le Québec se souciait réellement de la conservation linguistique, l'accent serait mis sur l'enseignement des langues qui sont sur le point de disparaître et on encouragerait davantage le multilinguisme dans l'ensemble de la population.

Les avantages du bilinguisme ne sont pas seulement culturels et neurologiques; des études ont également montré que les personnes bilingues gagnent en moyenne plus d'argent que les monolingues dans la province. Investir dans l'enseignement des langues plutôt que dans la répression linguistique serait lucratif pour tout le monde, semble-t-il.

De plus, le français domine toujours dans les régions rurales du Québec, et la diversité linguistique est à la hausse. Une petite visite à pied dans les rues des villes à travers la province, et tu verrais principalement le français sur la signalisation, entendrais des conversations en français, et serais en mesure de vivre et de respirer la langue de Molière à la québécoise.

Par conséquent, le gouvernement du Québec est simplement déconnecté de la réalité.

Même si garder un œil sur le statut vulnérable du français québécois à l'échelle mondiale soit une bonne idée, tout comme pour le faucon pèlerin, les mesures mises en place pour la protection et la conservation de la langue devraient être réfléchies et basées sur la recherche, non pas faire preuve de mesquinerie et être source de division.

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The opinions expressed in this article are the author's own and do not necessarily reflect the views of Narcity Media.

On March 15, Quebec's Ministère de la langue française released a short video ad on what they call the "decline of the French language" using the allegory of a peregrine falcon and, once again, they completely missed the mark.

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During a press conference on Monday to announce new measures aimed at speeding up immigration processing, federal Immigration Minister Sean Fraser spoke pretty much only in English — and folks have taken notice, some going so far as to file complaints with the government's official languages watchdog.

The Office of the Commissioner of Official Languages confirmed to MTL Blog that it received 10 complaints regarding Fraser's January 31 announcement, which contained just two French phrases — "Excellent, merci" and "Merci de me vous rejoindre" — throughout the course of his 15-minute statement.

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If you're big into the French-English language debate or the Canada vs. U.S. debate, you might want to click out of this article and go listen to some Jean Leloup or something because it could rile you up. Republican U.S. Congressman Glenn Grothman went off on Canada at a House session on November 16 and brought into question the country's success compared to the States.

Grothman used part of his half-hour speech to discuss "why nations fail," saying, "I never felt Canada was quite as successful as America [...] because to a degree their elections pitted the French speakers against the English speakers."

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